En 2024, Shell et Microsoft se classent parmi les 10 principaux acheteurs de crédits carbone.
Les deux principales entreprises du classement des acheteurs de crédits carbone ont adopté des approches totalement différentes, tant en ce qui concerne les sommes investies que les projets soutenus pour compenser leurs émissions.
D’après les informations récemment diffusées par une entreprise spécialisée dans l’analyse des marchés carbone, Shell a été de loin le principal utilisateur de crédits carbone en 2024, avec 14,5 millions de crédits annulés. Avec 5,5 millions de crédits annulés, Microsoft se classe en deuxième position parmi les entreprises du secteur technologique.

Des approches différentes
Malgré la présence de Shell et Microsoft en tête du classement, leurs stratégies sur le marché des crédits carbone présentent des différences essentielles.
La principale source de financement de Microsoft a été des crédits associés à des technologies de capture et de stockage de carbone. L’entreprise annule près de 80 % des crédits provenant de projets de bioénergie avec capture et stockage de carbone (BECCS). Cette approche, qui est perçue comme étant carbone négatif, se base sur la combustion de biomasse afin de générer de l’énergie, puis la collecte et le stockage des émissions produites. Un des achats les plus importants de Microsoft, de 3,3 millions de crédits, est un partenariat avec une entreprise suédoise d’activité BECCS.
Dans certaines trajectoires mondiales vers la neutralité carbone, le BECCS joue un rôle crucial, mais il demeure une technologie onéreuse. En 2024, le prix moyen estimé des crédits BECCS était de 389 dollars par unité. En moyenne, les prêts obtenus par Microsoft étaient d’un montant de 189 dollars, bien supérieur aux tarifs des projets traditionnels.
En contraste, Shell s’est focalisé sur des initiatives plus classiques visant à réduire les émissions, en particulier dans les secteurs de la foresterie et des énergies renouvelables. Shell compense non seulement ses propres émissions, mais offre également des crédits à ses clients, à la différence de Microsoft.
Coûts et polémique
Les projets financés par Shell ont des frais beaucoup plus bas, avec un coût moyen de 4,15 dollars par crédit. Toutefois, ces projets sont fréquemment liés à des débats. Près de 600 000 des prêts annulés par Shell étaient issus de projets qui utilisaient des méthodologies rejetées par un organisme de régulation du marché des prêts carbone, ce qui soulève des interrogations quant à leur efficacité et à leur transparence.
La stratégie adoptée par de nombreuses entreprises énergétiques, qui sont souvent confrontées à des émissions élevées et à des marges financières plus faibles par tonne émise, est révélatrice de cette approche axée sur des crédits abordables. Les entreprises technologiques, en revanche, grâce à leurs revenus élevés, disposent de plus de ressources pour investir dans des projets novateurs et coûteux.
Différentes stratégies parmi les autres grandes entreprises d’achat.
Le classement met également en lumière d’autres stratégies captivantes parmi les acheteurs de renom. Plus d’un million de crédits provenant de projets visant à diminuer les émissions de polluants à fort potentiel de réchauffement global ont été annulés par une entreprise technologique asiatique, par exemple. Quant à une société pharmaceutique, elle a choisi d’utiliser des crédits pour diminuer l’utilisation de réfrigérants chimiques.
Enfin, un fonds public d’investissement a acquis 3 millions de crédits pour un montant de 85 dollars chacun afin de financer la construction d’une installation de valorisation énergétique des déchets, qui collectera et stockera ses émissions à venir.

En résumé, ces diverses stratégies soulignent les diverses priorités des acteurs majeurs du marché du carbone, chacune adaptée à leurs besoins particuliers en termes d’émissions et d’investissement.
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